Passé contemporain
Comme une empreinte, véritable signature du studio, la lumière est reine ici. Un peu moins de soixante années se sont écoulées depuis que Mies Van der Rohe a réalisé, avec la maison Farnsworth, son espace idéalisé, une icône insurpassée dans l’architecture moderne. L’idée était déjà contenue dans le pavillon de Barcelone, en 1946. Le désir de faire pénétrer la lumière du soleil, la clarté de la lune et des étoiles par les parois est si puissant qu’il n’y a pas un architecte depuis qui n’ait tenté de traduire dans la réalité ce rêve de limpidité.
Le studio d’architecture Pitsou Kedemne fait pas exception, car dans chacune de ses interventions la transparence peut être littérale, exacerbant la bataille des angles, ou phénoménale au travers de mise en scènes magistrales. Quoi qu’il en soit, le rapport de l’habitation avec la nature environnante est incontournable, s’insérant dans le décor paysagé par immersion totale presque comme une griffe.
Maîtriser le processus constructif et créatif, tester de nouvelles technologies tout en tenant aisément compte des exigences des propriétaires, tel est le leitmotiv de l’architecte. L’idée principale était de créer un bâtiment habillé en couches superposées. Un claustra en aluminium a été conçu pour toute la façade afin de former une sorte d’enveloppe extérieure perforée qui préserve l’intimité de la maison de la rue et des voisins.
La résidence se compose de trois ailes enroulées autour d’une grande cour. L’aile centrale abrite les espaces communs, et distribue latéralement les espaces privés comme les chambres des enfants ou la suite parentale. Les grandes ouvertures vers la cour et la piscine miroir vers l’avant annulent presque complètement les murs de la structure et donnent aux habitant un sentiment d’être à l’air libre avec seulement un toit en béton pour les protéger.
Chère au studio d’architecture, l’eau est également omniprésent(e) ici. On la retrouve notamment à travers un bassin couvert jouxtant la maison et un bassin de nage à débordement, agissant comme un miroir d’eau et guidant le visiteur vers le pool house, corps indépendant de l’habitation, et chef-d’œuvre en lui-même.
Avec des liaisons fluides entre intérieur et extérieur, la construction est nette, propre, limpide, mais apporte aussi la faculté de transmettre à l’extérieur le contenu de l’édifice. Les ouvertures permettent de jeter un coup d’œil à l’environnement ou à la maison mais aussi à la lumière naturelle de pénétrer la maison le jour, et à la lumière artificielle de briller vers l’extérieur la nuit. En outre, l’enveloppe taillée et perforée forme une sorte d’objet minimaliste et poli qui met l’accent sur le langage monastique et étroitement maîtrisé par les concepteurs qui ont choisi de l’utiliser.
L’aspect poli formel, la précision des détails, la rencontre des matériaux, le langage rationalisé, donnent une impression momentanée de regarder une peinture plate, presque bidimensionnelle.
Le porte-à-faux biseauté en béton et le claustra protègent les immenses ouvertures vitrées du soleil et évitent ainsi les excès de chaleur à l’intérieur du bâtiment.
La lumière est travaillée à travers une scénographie jouant un rôle capital dans la composition de l’habitation, le visiteur retrouve ainsi au gré des pièces ce claustra au design minimaliste filtrant et découpant la lumière tout en projetant au sol et sur les murs des motifs géométriques évoluant au cours de la journée en accord avec les mouvements du soleil où que l’on soit dans la maison.
Les surfaces diverses et continues dans les tons de blanc, couplé aux performances géométriques de la lumière contre les surfaces horizontales et verticales, donnent une impression d’espace et de profondeur. Prouesse d’ingénierie, dimensions titanesques, inspirations Bauhaus, l’architecte fait ici un joli clin d’œil à l’architecture moderniste, dans sa plus pure traduction contemporaine.
Les surfaces diverses et continues dans les tons de blanc, couplé aux performances géométriques de la lumière contre les surfaces horizontales et verticales, donnent une impression d’espace et de profondeur. Prouesse d’ingénierie, dimensions titanesques, inspirations Bauhaus, l’architecte fait ici un joli clin d’œil à l’architecture moderniste, dans sa plus pure traduction contemporaine.