L’art de la suspension
Né en 1986 dans le nord de l’Italie, à Scandiano où il vit encore aujourd’hui, Massimo Colonna est un artiste digital qui défend une vision singulière bien à lui. Ses œuvres qui mêlent photographie et 3D sont aussi surréalistes que minimalistes.
PHOTOS : MASSIMO COLONNA
Un univers à l’ambiance onirique et ambiguë.
Recherche de netteté et d’épure, son travail fuit la fioriture. Rappelant celui de l’architecte mexicain Luis Barragan ou encore celui de l’Espagnol Ricardo Bofill, ses sublimes paysages affichent des géométries parfaites. Une harmonie formelle entre les arcs et les courbes que l’Italien prend un malin plaisir à bouleverser. Il ouvre ainsi le champ des possibles en introduisant un subtil décalage. Il crée un univers à l’ambiance onirique et ambiguë, dont s’inspire tour à tour le monde du graphisme, de l’architecture d’intérieur et de la décoration. À l’instar de « No gravity », l’une de ses dernières collections. Ouverte à plus d’une interprétation, cette succession de quatre images présente de simples morceaux d’architectures en plein air, où les cyprès côtoient le ciel dégagé et des morceaux de constructions aux couleurs pastel. Le soleil y dessine des lignes précises, coupant de grandsespaces divisés par des murs. Plusieurs éléments forment le thème de chacune des illustrations. Un ballon, des avions en papier, une balle en plein rebond ouencore un sac plastique emporté par le vent. Des objets qui entrent en contact avec le cadre environnant, provoquant un résultat inintelligible. Le temps semble suspendu, et les sujets libérés du principe de gravité. Pour « The Pool », conçue exclusivement pour The Cool Hunter, Massimo Colonna revisite les tracés épurés classiques et les détails de design architectural présentés dans sa série « Gravity ».
La collection rappelle le glamour chic au bord de la piscine capturé avec tant de brio par le photographe légendaire Slim Aarons des années 1950 aux années 1980. À la différence qu’ici, les décors sont dépouillés de leurs personnages. Le focus est porté sur l’eau. Sur chaque image, un accessoire gonflable flottant rappelle l’humain qui n’est plus. Sans individus pour habiter et animer l’espace, il ne nous reste plus qu’à apprécier l’interaction de la lumière et de l’ombre. Les lignes structurelles nettes et les surfaces colorées en bloc créent une scène attrayante, bien qu’une fois encore abstraite.