Ombres et lumières, Split House
La Split House, réalisation de l’agence d’architecture israélienne Pitsou Kedem, offre ici un très bel exemple d’une architecture maîtrisée dans sa relation singulière avec l’environnement urbain extérieur. Entre ombres et lumières, découverte.
Derrière une palissade légère permettant d’assurer la confidence du lieu et d’éviter les regards indiscrets de cette rue de Savyon en Israël, on aperçoit déjà le jeu de claires-voies imaginé par le studio, véritable ADN du projet. L’effet de surprise est donc tout entier lorsque l’on pénètre dans l’enceinte de la maison. Impossible de résister à cette dernière réalisation de l’architecte israélien Pitsou Kedem. tant elle semble, dans l’ouvrage qu’elle propose, offrir perpétuellement un véritable renouvellement de ses évidentes dispositions.
Pour ce projet, la maison Split (diviser, couper en deux, en anglais), Pitsou Kedem et son équipe n’ont pas failli à leur réputation. La combinaison de volumes imbriqués les uns dans les autres lui donne des airs de sculpture futuriste aux formes pures et parfaitement équilibrées.
Les éléments identitaires de l’architecture de l’agence, qui comme un mantra, reviennent à intervalles réguliers définir le travail de l’architecte, pour lui donner un rythme mais aussi une griffe. Il y a cette inclination assumée d’abord pour la vie privée.
Une exigence affichée par ces maisons qui paraissent toujours un peu camouflées derrière leurs murets et portails. Mais il y a aussi le choix des matériaux qui conditionnent toujours un peu le rendu global d’un projet de l’agence. Et puis encore, cette expérience de la transparence et de l’opacité, leurs jeux à demi-mot qui se susurrent à l’oreille, et qui donnent cet équilibre délicat aux réalisations de l’agence Pitsou Kedem. Pour la maison Split, l’architecte, Tamar Berger, ici en charge du projet, a puisé dans les codes de la maison méditerranéenne pour dessiner les contours d’une maison baignée de soleil.
Affichant des proportions généreuses, la maison mesure 25 mètres de long, 5 mètres de large et 7 mètres de haut. L’espace est situé au cœur de la maison, divisée en trois parties, avec pour motif central, cette cour engloutie en sous-sol et transformée en un patio faisant office de puits de lumière. La maison est une grande boîte blanche qui vit, se développe, s’améliore pour vraiment embrasser la vie. Le salon, diaphane, est organisé comme une seule et unique pièce à vivre qui accueille salon, salle à manger et cuisine en arrière-plan.
De chaque côté, les espaces de vie sont ainsi construits sur un étage. Côté rue, une chambre d’amis, tandis que côté jardin, se trouvent la chambre principale et les pièces de vie s’offrant toutes entières, dans leur continuité, au jardin et sa piscine. Deux passerelles relient les deux parties habitables de la maison, passant de fait au-dessus de la cour intérieure, qui s’enfonce jusqu’à sept mètres sous terre et est entièrement laissée au soin d’un jardin élégamment arboré. Mais ce sera au bardage de faire la démonstration de la méthodologie Kedem.
Construite en béton, la maison Split est aussi bardée sur tous ses côtés de panneaux de bois massif et de métal ajourés à la façon d’un claustra réimaginé. Autour d’abord de ses parties extérieures, mais aussi le long des murs de l’enceinte de la cour, et jusque sur le toit de celle-ci. Éléments stylistiques chaleureux et protecteurs, les panneaux servent tout autant à la gestion de l’intimité de chaque espace qu’à celle d’un modulateur thermique.
Orientée pour répondre aux rayons du soleil, la maison Split favorise l’imaginaire, afin qu’elle soit toujours associée à l’idée de lumière, d’espace et de liberté, sans jamais d’ombre au tableau mais présentée en demi-mesure à la lumière du jour.